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Interview de Tenin Samaké, fondatrice de Womanager

Pour nous, le 8 mars, jour de célébration des droits de la femme rime avec jour de mise en lumière d’initiatives développés par la gente féminine pour la gente féminine.  C’est dans cette optique que nous sommes allés à la rencontre de Tenin Samaké, fondatrice et rédactrice en chef de Womanager. Une plateforme pour l’émancipation et l’épanouissement de la femme malienne. Womanager est un média en ligne doublé d’un mouvement d’émancipation et de libération des femmes et des filles : un média féministe et féminin.

Interview.

Comment ce projet a-t-il vu le jour ?

Au départ, womanager était un blog (womanagerblog.wordpress.com crée en 2017) sur lequel la jeune fille que j’étais, partageais des portraits et interviews de femmes qui l’inspiraient. Et en 2019 le blog a transité en média avec une petite équipe rédactionnelle.

Le monde de l’information en ligne (malien) a un besoin criard de productions réalisées par et pour les femmes.  La structure intervient en ligne pour pâlir à ce problème. Nous abordons des thématiques qui touchent le quotidien des femmes (carrière, éducation des filles, féminisme, mariage, entreprenariat, inégalités, égalité entre femme et homme, violences…) …. Bref, womanager est média pour les femmes et par les femmes.

Notre vision c’est de faire de Womanager, la plateforme par excellence qui met à disposition de chaque fille/femme les outils pour construire son leadership.

Nos missions :

– Renforcer les compétences de leadership des filles et des femmes dans les médias.

– Bâtir un leadership féminin fort et diversifié.

– Mettre en lumière les initiatives et les talents féminins.

– Accroître l’influence filles et des femmes en ligne. Et pour finir lol, au vu du paysage médiatique de l’époque j’ai compris que ma mission était de raconter l’histoire des femmes écrites et racontées par elles-mêmes. L’évidence était là, le déclic m’est venu et je me suis lancée.

La ligne éditoriale de votre projet peut paraître sensible dans une société conservatrice comme la nôtre. Comment arrivez-vous à surpasser ces obstacles ? En sont-ils pour vous ? Je ne pense pas. Nous vivons dans une société patriarcale (conservatrice) certes les choses sont en train d’évoluer petit à petit. Les sujets que nous abordons peuvent probablement « heurter » certaines – certains mais j’estime que ce sont des questions importantes et même essentielles (donc pas réellement sensibles). Et aussi avec le temps, nous avons appris à traiter ces sujets de manière subtile. Les défis sont ailleurs, par exemple la difficulté à mobiliser les ressources financières pour un média ou encore comment avoir des contributrices. On travaille sur ces points. Mon leitmotiv c’est : « faites ce que vous pouvez, avec ce que vous avez là où vous êtes ». J’ai donc appris à m’occuper de mon champ d’action avec les moyens du bord. Et c’est ce qui met permet de faire face aux défis et à les relever un à un.

  1. Quels sont les projets que vous greffiez à WOMANAGER pour atteindre vos objectifs d’émancipation féminine ?

En plus de l’information nous intervenons dans le domaine de la formation. Nous organisons des campagnes de sensibilisation (#vivredignementsesregles), des conférences et aussi des programmes de renforcement de capacité. Notre projet phare est le programme SUPER NANA qui est un programme de renforcement de capacité des jeunes filles. Selon moi, l’émancipation des femmes s’articulent autour de deux axes : l’information (ce qui est dit, lu, vu ou entendu) et la formation (instruction, apprentissage continu, partage d’expérience, mentorat). Et c’est autour de ces deux points que nos activités se fondent.

  1. Quelle est la société malienne idéale pour vous ?

Il n’y a pas de société idéale, le monde idéal n’existe pas. Donc pour moi, il n’y a pas de société malienne idéale. Il y’a des sociétés maliennes et c’est tout.  Au Mali, on ne peut pas avoir une société (une seule et unique, ce qui serait même dommage), nous avons des sociétés. Ces différentes sociétés tiennent compte de notre belle diversité culturelle. Chaque culture a sa société, son mode de fonctionnement, ses règles, ses vérités et ses stéréotypes. Autant la plupart de ces sociétés ont du positif, autant elles présentent des manquements. A noter que les sociétés sont faites par les hommes et les femmes, ce ne sont pas les sociétés qui font les hommes et les femmes. Je me permets donc de reformuler la question : quels idéaux pour nos sociétés ? Je pense qu’il y’a un travail à faire dans nos sociétés pour permettre aux filles et aux femmes de vivre pleinement leurs potentiels. Les fausses croyances, les stéréotypes et les préjugés qui limitent les filles et les femmes doivent disparaitre. Pour moi l’idéal serait d’inscrire une fille à l’école et créer les conditions pour lui permettre de se réaliser et contribuer à la construction de son pays. Ces mêmes conditions créées pour le garçon. L’idéal serait une représentativité effective des femmes en politique. L’idéal serait de voir autant de femmes possibles dans les instances de prise de décision. L’idéal serait de supprimer toutes les formes de violences faites aux filles et aux femmes.

  1. Quelle est la femme malienne idéale pour vous ?

Il n’y a pas de femmes idéales et il ne doit ou ne devrait pas avoir de femmes idéales. Dans mon travail, j’ai rencontré énormément de femmes, de profils variés. Et toutes ces femmes maliennes pour la plupart ont forcé mon admiration et mon respect. Je me bats au quotidien contre les étiquettes et les boîtes. Impossible pour moi de dire donc comment une femme doit ou devrait être. La malienne n’a pas à être ci ou ça. Je pense que les femmes doivent avoir le pouvoir de choisir QUI elles veulent être. Et après assumer leurs choix. Je pense qu’on doit éviter de catégoriser, de coller des étiquettes, permettre à chacune d’afficher sa propre pancarte. Je nous souhaite de remporter ce combat qui est de pouvoir décider par nous-mêmes ce qui nous convient et qui nous correspond.

  1. Dans le cadre du 8 mars, quels sont pour vous les combats imminents que les femmes maliennes devraient poursuivre/entreprendre pour prétendre une émancipation complète ?

Pour moi, ce sont les combats qui sont déjà en train d’être menés. Il s’agit des luttes comme : l’éducation des filles, les violences faites aux filles et aux femmes, la libération de la parole, la représentativité des femmes dans les instances de prise de décision….Je pense qu’il faut aussi féliciter et célébrer les victoires des femmes qui se sont battues avant nous. Le chemin est long et semé d’embuches et c’est possible de remporter encore des victoires (pour notre génération et celles à venir). Je suis une personne fondamentalement optimiste, nous pouvons y arriver.

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Instagram : Womanager (@womanager_) • Photos et vidéos Instagram

Youtube : https://www.youtube.com/womanager

Aïssata Keïta

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