Courage, persévérance et ténacité sont les traits qui caractérisent le plus la gagnante du Super Prix de la jeunesse africaine de l’année 2019 des prix Africa 35.35 à Accra (Ghana). Daraja Haïdara est devenue ce nom qui symbolise, au Mali et sur le continent, l’engagement et la combativité des jeunes femmes d’Afrique. « Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années », écrivait Corneille dans Le Cid. Et cette vérité sied bien à notre héroïne.
Titulaire d’un master en communication d’entreprise et gestion des ressources humaines, Daraja est la présidente fondatrice de l’association humanitaire Al Barka qui vient en aide aux enfants démunis, aux personnes âgées et aux populations rurales. Elle est aussi la promotrice de la coopérative agricole ZoulfAgri. Grâce aux réseaux sociaux, la jeune entrepreneure s’est bâtie une réputation de leader dans son domaine. Comprenez comment !
INTERVIEW
Quelle place le digital occupe-t-il dans vos activités ?
Dans mes activités caritatives, puisque c’est plus à travers ce domaine qu’on me connaît, le digital joue un rôle de choix dans la bonne exécution de nos actions. Avec Al Barka dont je suis la présidente, nous arrivons à collecter au moins 35% de nos fonds dédiés à la réalisation des actions à l’endroit des démunis grâce au digital.
De nos jours, le digital est très bénéfique mais cela dépend de l’utilisation qu’on en fait tout en identifiant concrètement les raisons principales pour lesquelles nous venons sur les réseaux sociaux. Pour ma part, je me suis fixée une ligne éditoriale. Ainsi que pour mon ONG et pour ma propre communication.
Avec Al Barka, le digital nous a permis de communiquer facilement sur nos missions et partager l’impact positif que nous avons sur la vie de notre cible (les plus démunis). Nous partageons constamment, avec le consentement des bénéficiaires, les résultats de nos actions sur le terrain. Cela permet d’inspirer plus d’un à faire pareil. De plus nos partenaires, mécènes et soutiens qui nous accompagnent sont rassurés et savent où partent leurs contributions. Par ailleurs, nous multiplions la liste de nos mécènes et partenaires car de nos jours tout le monde utilise le digital.
Deux astuces pour les entrepreneurs souhaitant booster leur présence digitale ?
Le digital est un couteau à double tranchant. Quand on utilise de façon positive, il aura des impacts positifs sur nous mais le contraire peut être très nuisible. À cet effet, deux astuces d’entrepreneures pour booster sa présence sur le digital:
C’est de bien soigner son image tout en restant soi-même sans vouloir vendre du rêve aux gens. L’authenticité paie toujours dans l’usage du digital.
Avoir une bonne maîtrise des contenus que nous souhaitons véhiculer sans se disperser pour ne pas se retrouver sur un terrain qu’on ne maîtrise pas. C’est comme ça que nous laissons graver son identité référentielle dans les esprits du public.
C’est ce qui fait que, sans prétention aucune, 95% des personnes qui me connaissent via le digital ayant des questions ou recommandations à faire dans le domaine de l’humanitaire taperont directement dans l’ongle recherche « Daraja HAIDARA ».
En tant que femme active, vous représentez la FEMME 2.0. Un mot sur la journée des droits des femmes ?
Comme je l’ai toujours dit, au-delà des uniformes, du business et tout le folklore autour du 08 Mars, il faut que les femmes retiennent que la journée internationale des DROITS des femmes est très importante. C’est l’occasion pour nous de faire le bilan de ce qui a été fait ou pas en ce qui concerne les droits des femmes et quels sont les combats à mener afin que ceux-ci soient effectifs et respectés de tous. Cela doit se faire loin des mètres de pagnes cousus pour l’occasion et les cérémonies futiles organisées à cet effet. Car cette date est plus symbolique que tout cela.
Et très sincèrement, j’ai tellement de chose à dire que je vais essayer de faire court. Je dirai que la condition de ces nombreuses femmes braves et combatives en milieu rural, qui se battent tant bien que mal dans des conditions difficiles pour subvenir aux besoins de leurs familles.
Les résultats qu’elles arrivent à avoir avec le minimum qu’elles ont c’est tout simplement extraordinaire, et j’imagine si nous arrivons à mettre en place une synergie d’actions pour les accompagner, elles feront des merveilles. C’est dans cette optique que Al Barka et son partenaire financier « Djiguiya des maliens de Philadelphie » ont mis en place le programme « PRET-BAARA » qui consiste à accompagner les femmes en milieux ruraux organisées en coopératives avec des équipements et même des financements afin qu’elles puissent entreprendre des activités génératrices de revenus.
Propos recueillis par Aïssata Keïta.